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Une cérémonie du 11-Novembre empreinte de gravité et d’espoir
Jeudi 11 novembre, à l’invitation du maire d’Amilly, Gérard Dupaty, nombre d’élus municipaux et d’Amillois, parmi lesquels seize jeunes adhérents de la Maison des jeunes, mais aussi Jalila Gaboret, conseillère régionale, qui représentait le président de la Région Centre-Val de Loire, et le premier adjoint et conseiller départemental Christophe Bouquet se sont réunis avec les associations d’Anciens Combattants, devant le Monument aux Morts du centre-bourg, pour commémorer « la Victoire et la Paix », et rendre hommage à tous les « Morts pour la France ». Deux inspecteurs de l'Éducation nationale étaient également présents, Adeline Rouleau pour la circonscription de Montargis-Est dont dépend Amilly, et Nicolas Raisonnier; ils représentaient les établissements scolaires dont les élèves n'ont pu être présents comme à l'accoutumée en raison des restrictions sanitaires.
Parmi les porte-drapeaux, Camille Julien, 15 ans, participait fièrement à sa 3e cérémonie du 11-Novembre. Le jeune homme, épris d'histoire et arrière-petit-fils d'un Résistant du Maquis de Lorris, a ainsi à coeur de s'impliquer dans les cérémonies patriotiques pour faire vivre la mémoire des anciens combattants.
La jeune Ilona Messaoudine a d’abord lu le message de l’UFAC et Michel Verbeke celui de l’Union nationale des Combattants. Le maire a ensuite prononcé un discours d’hommage et d’espoir pour la jeunesse (à retrouver ci-dessous). Son adjoint Christian Caron a fait part du message de la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, puis a cité les sept soldats morts en opérations extérieures durant l’année écoulée, entouré de Luna Dos Santos Guerardi, qui tenait leurs portraits, et de Corentin Bouquet, qui ponctuait chacun de leur nom d’un « Mort pour la France ». Un dépôt de gerbes a suivi ces moments de recueillement.
Discours du maire d’Amilly, Gérard Dupaty
Un quart des Amillois de 20 à 45 ans a péri durant la Première Guerre mondiale.
Chaque commune française a payé cet impensable tribut à une guerre qui, en 4 ans, 3 mois et 10 jours – de la proclamation de la mobilisation générale le 2 août 1914 à la signature de l’armistice le 11 novembre 1918 –, a atteint une échelle et une intensité jamais connues auparavant.
Près d’un soldat français sur 5 a été tué. En incluant les civils, on a dénombré un million 700 mille morts en France ; près de 20 millions dans le monde, et au moins autant de blessés. Ce furent des souffrances incommensurables et durables, des destructions massives…
Ce bilan effroyable contraste terriblement avec ce que promettait l’élan patriotique et plein d’espoir de revanche de l’entrée en guerre. Songeons au Loirétain Charles Péguy, alors écrivain reconnu et réserviste de 41 ans. Au matin de son départ au front, son amie Geneviève Favre a noté : « Je l’ai vu s’éloigner soulevé d’enthousiasme et du bonheur d’être le soldat de la République de France. » - « Péguy, d’une voix lente, mettant en chaque mot un accent solennel, me dit : “Grande amie, je pars soldat de la République, pour le désarmement général, pour la dernière des guerres”. »
Cinq semaines plus tard, le 5 septembre 1914, le lieutenant Péguy est tué au combat aux alentours de Villeroy, près de Meaux, d’une balle en plein front alors qu’il commandait le feu. Le poète patriote et une centaine d’hommes de la 19e compagnie du 276e régiment d’infanterie de réserve sont parmi les premiers morts de la décisive bataille de la Marne qui, dès le lendemain et pendant quatre jours historiques, va opposer plus de deux millions d’hommes sur un front de 250 kilomètres entre Meaux et Verdun.
Péguy, qui écrivait "Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles (...) Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés", tombe en héros d’une guerre idéalisée qui devait à jamais – souhaitait-il – « tuer la guerre ». Ceux qui ont survécu à ce premier conflit mondial savent qu’il n’en fut rien.
L’armistice signé en forêt de Compiègne le 11 novembre 1918 met provisoirement fin aux combats en reconnaissant la victoire des Alliés et la défaite de l’Allemagne. La guerre se termine officiellement le 28 juin 1919 avec le traité de Versailles, qui porte déjà en lui les germes des antagonismes à venir. Moins de 14 années après, Hitler accède au pouvoir en Allemagne.
Aux jeunes Amillois qui nous font aujourd’hui l’honneur, aux côtés des Anciens Combattants, de porter haut les couleurs du drapeau français, dans le respect des combats passés et de ceux qui y sont tombés, je veux redire combien sont essentielles les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, et qu’il faut partout les cultiver.
Elles guidaient hommes et femmes de toutes conditions, de tous milieux, engagés ensemble et de toutes leurs forces contre l’invasion au début de cette Grande Guerre ; elles guidèrent les Résistants 26 ans plus tard ; et nous en sommes aujourd’hui les héritiers inquiets, alors que la paix patiemment construite en Europe depuis plus de 75 ans souffre, au sein même de l’Europe, de voix discordantes, individualistes, souverainistes, qui cherchent à monter des murs plutôt qu’à entretenir des ponts.
En 1914, Charles Péguy écrivait : « Nous ne nous abusons pas quand nous croyons que tout un monde est intéressé par la résistance de la France aux empiètements allemands. Et que tout un monde périrait avec nous. Et que ce serait le monde même de la liberté. Et ainsi que ce serait le monde même de la grâce. »
Ce monde de la liberté et de la grâce l’a emporté en 1918, au prix pourtant de millions de vies. Il l’a emporté encore en 1945, au prix d’autres millions de vie. Depuis, la construction européenne a permis de tisser des liens forts d’amitié entre nos vieilles nations. Ne laissons pas les antagonismes nationalistes défaire ce patient travail qui nous a garanti la paix jusqu’en ce XXIe siècle. Souvenons-nous du sacrifice de nos poilus ! En cette journée de commémoration, formons pour les jeunes générations le vœu d’une paix durable. Que jamais elles ne vivent ce qu’ont enduré leurs aïeux.
Hommage aux soldats morts pour la France
- Colonel Sébastien BOTTA, force multinationale d’observateurs, mort pour la France en Egypte, le 12 novembre 2020 ;
- Brigadier Dorian ISSAKHANIAN, 1er régiment des chasseurs parachutistes, mort pour la France au Mali, le 28 décembre 2020 ;
- Brigadier Quentin PAUCHET, 1er régiment de chasseurs parachutistes, mort pour la France au Mali, le 28 décembre 2020 ;
- Maréchal des logis Tanerii MAURI, 1er régiment des chasseurs, mort pour la France au Mali, le 28 décembre 2020 ;
- Sergent-chef Yvonne HUYNH, 2e régiment de hussards, morte pour la France au Mali, le 2 janvier 2021 ;
- Brigadier-chef Loïc RISSIER, 2e régiment de hussards, mort pour la France au Mali, le 2 janvier 2021 ;
- Sergent Maxime BLASCO, 7e bataillon des chasseurs alpins de Varces, mort pour la France au Mali le 24 septembre 2021.
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