Ce dimanche 29 août 2021 s’est déroulée la cérémonie commémorative en mémoire des fusillés de la Nivelle.
Le 21 août 1944, à Amilly, des soldats allemands en déroute ont exécuté Guy Lépine, Philippe Sergent, Georges Mairot et Lucien Wautier, capturés à Souppes-sur-Loing pour leurs liens supposés avec la résistance. Pour perpétuer le souvenir de cet événement tragique, une cérémonie mémorielle est organisée chaque année sur le site de la Nivelle, lieu-même de leur exécution.
Etaient présents, ce 29 août, les porte-drapeau de nombreuses associations patriotiques : l’Union nationale des combattants (UNC) de Montargis et de Château-Renard, l’Association des combattants prisonniers de guerre et combattants d'Algérie, Tunisie, Maroc (ACPG-CATM), les Médaillés militaires et de l’Ordre national du mérite, le Souvenir français, l’Union nationale des sous-officiers en retraite (UNSOR), l’Union nationale des parachutistes, les Anciens combattants de Souppes, l’Amicale des anciens marins de Montargis (AAMM), l’Amicale des anciens combattants de Montargis (AACM), la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA), la Fédération nationale des déportés et internés résistants patriotiques (FNDIRP)…
Ont également pris part à cet hommage, aux côté du maire d’Amilly, de jeunes adhérents de la Maison des jeunes d’Amilly, Jalila Gaboret, qui représentait la Région Centre-Val de Loire, des élus amillois, mais aussi M. Hubert Wautier, fils de Lucien Wautier, qui a témoigné avec émotion et dignité de cette journée du 21 août 1944, ainsi que M. Bernard Chalopin, qui a reçu à l’occasion du 81e anniversaire de l’Appel du 18-Juin les insignes d’Officier de l’Ordre national du mérite pour avoir combattu à 17 ans au sein du Maquis de Lorris et jusqu’à la Libération de Paris.
Discours de M. le maire d’Amilly
« Il y a 77 ans, le 21 août 1944, dans cet espace aujourd’hui reconquis par la nature, sont tombés quatre hommes, victimes des derniers crimes perpétrés sur la commune par les nazis en déroute.
Guy Lépine, 17 ans seulement, Philippe Sergent et Georges Mairot, 20 ans, et Lucien Wautier, 42 ans, capturés à Souppes-sur-Loing parmi les maquisards et les civils, puis lâchement abattus ici, dans un élan aveugle de débâcle meurtrière.
A l’ombre des peupliers, arbres symbolisant la mélancolie et le souvenir des êtres disparus, ces quatre colonnes de fonte fendues disent la force meurtrie de ces hommes et figurent à jamais les ʺFusillés de la Nivelleʺ et l’élan de résistance qui les animait. Nous sommes réunis aujourd’hui, comme chaque année, pour leur rendre hommage, en temps de paix, paix devenue si évidente que nous l’avons oubliée.
Il y a moins de quatre mois, nous avons commémoré la capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945. Cet événement fondateur de la paix en Europe – depuis 76 ans – s’est concrétisé moins de neuf mois après l’acte odieux qui a souillé de sang ce pré de la ferme Rose. Guy, Philippe, Georges et Lucien auraient pu fêter cette capitulation avec les leurs, ils seraient même peut-être montés à Paris pour accompagner sa Libération.
Le souvenir de ces hommes et de leur sacrifice, comme de celui de millions de vies avant eux, nous oblige à la vigilance. Car la paix, instaurée de haute lutte depuis 1945, est fragile. On le voit autour de nous, aux portes de l’Europe et en Europe-même où souffle le vent de la division, de la défiance, du repli sur soi.
ʺLa paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacentʺ, énonçait Robert Schuman le 9 mai 1950. Plus de 70 ans après, les efforts créateurs semblent s’éroder. Ces efforts, il appartient aussi à chacun de nous, citoyens, d’y prendre part. Nous sommes tous les garants de la Liberté pour laquelle Guy Lépine, Philippe Sergent, Georges Mairot, Lucien Wautier et tous leurs compagnons d’infortune ont combattu.
Et cette Liberté-là s’écrit avec un grand L. A l’heure où certains invoquent des images fortes de la Seconde Guerre mondiale pour contester une restriction des libertés individuelles, souvenons-nous avec respect et humilité de toutes celles et ceux qui ont sacrifié leur vie à la préservation de notre destin commun. Soyons à la hauteur de leur sacrifice. »